Si nous étions présidentes ?

Notre Monde Avenir

Changeons la vie entière !
Un programme impossible, irréaliste diront certain-es. Juste un programme qui colle à nos besoins, nos vies d’aujourd’hui, nos vies brisées par le patriarcat, le racisme et le capitalisme. Nos vies à reconstruire ensemble. Des revendications qui pourront nous donner du souffle et de la force pour faire advenir un monde libéré des entraves qui, chaque jour, nous brisent, nous tuent, nous violent, nous frappent, nous licencient. Un programme pour changer la vie entière, celle de tous les jours, celle de tous nos jours.

Une campagne présidentielle, c’est visiblement une guerre.
On y parle de troupes, d’organigrammes, de plans de communication, on s’y met en marche, en ordre de bataille.
Une campagne présidentielle c’est le moment où les discours construisent des programmes et parfois les programmes construisent les discours.
Une campagne, c’est une promesse.
Peu ont été tenues, sauf celles qui ont continué à creuser les inégalités.
Les fossés creusés par le sexisme, le racisme, le capitalisme, deviennent des mers qu’on nous dit infranchissables, ce dont on finit par se convaincre tellement il est difficile pour chacun-e d’entre nous suivant son sexe, sa couleur de peau, son origine, sa classe sociale, son orientation sexuelle, de venir à bout des fins de mois, de dépasser la violence de ces deux systèmes que sont le capitalisme et le patriarcat.
Ce fameux capitalisme par qui on justifie les licenciements, la précarité, le non-accueil des réfugié-es de pays ravagés par la guerre ; ces guerres financées par les mêmes qui les dénoncent au détour de discours bien pensants.
Ce fameux patriarcat qu’on nous dit dépassé, qui licencie, frappe, tue, excise, viole, exclue chaque jour un peu plus les femmes et tous ceux qui ne se reconnaissent pas dans le rôle qu’il veut leur attribuer. Ce rôle d’opprimé par essence, par naissance.
Une campagne, c’est une boîte de Pandore, celle par qui le mal prolifère. Mais c’est aussi l’espoir, l’espoir qui reste sur le col de la jarre quand Pandore l’ouvre.

Une campagne, c’est donc aussi ce qui peut enfin advenir, ce qui peut être possible, ce qui est possible.

Les armes de notre guerre de conviction ne tuent pas, elles abattent des murs.
Ces armes ce sont les luttes dans lesquelles se construisent la solidarité et la justice.
Ces armes, ce sont nos espoirs, nos projets, ce que nous voulons faire de notre monde. Celui des femmes, des hommes, des enfants, qui souffrent chaque jour dans leurs vies, dans leurs corps, de ce que les auto-proclamés puissants leur infligent : la précarité, le recul de leurs droits sociaux, le déremboursement de leurs médicaments, une politique fiscale injuste, une école qui n’a pas les moyens à la hauteur de ses missions, des hôpitaux aux personnels épuisés, des femmes violentées qu’on ne croit pas, des licenciements à tours de bras.

L’objectif est donc de s’armer, de construire notre projet, un projet féministe lutte de classes, de forger nos revendications pour un monde plus juste.
Nos armes, nos réflexions, nos combats ne sont pas sans effets : nous gagnons parfois, trop peu, mais nous sommes encore debout.

Un projet féministe lutte de classes, c’est un projet de société global qui touche toutes les sphères de nos vies, ici et ailleurs. Il parle du travail, des services publics, du droit à l’avortement, du droit des femmes à disposer de leur corps, de solidarité internationale, de l’école, des enfants, de la répartition des richesses, du racisme nauséabond qui s’exprime chaque jour, du refus radical d’un ordre moral qui n’a d’ordre que le nom tellement il fusille la solidarité. Cet ordre moral qui préfère faire monter la haine de l’autre, vénère la colonisation, parle de première fille de l’église au lieu de parler de la laïcité comme nous la voulons, respectueuse des différences et protectrice des droits collectifs.
Un projet féministe lutte de classe n’oublie pas combien le capitalisme et le patriarcat se nourrissent l’un l’autre. La répartition des richesses, la justice sociale et économique sont indissociables de la lutte pour les droits des femmes.
Comment concevoir une égalité dans le travail si le droit du travail n’assure pas la stabilité et la sécurité, un CDI, un salaire décent ?
Comment concevoir la protection des femmes contre les violences si les moyens donnés aux institutions pour ce combat ne sont pas substantiels ?
Comment concevoir une égalité dans la maternité, l’IVG, si certaines femmes doivent faire face à des déserts médicaux autour de leurs lieux de vie ?
Comment concevoir une égalité scolaire quand les réformes se font sans réflexion sur les territoires, les ghettos scolaires, quand les programmes scolaires sont vidés de leur sens et jamais élaborés avec celles et ceux qui les appliquent ?

Un projet féministe lutte de classes n’oublie jamais que le patriarcat et le capitalisme tuent conjointement, que des femmes et des enfants sont victimes de violences sexistes et sexuelles et que les plus fragiles succombent par manque de soins, de travail, d’accompagnement car les choix faits aujourd’hui, sous prétexte de la crise, sont des choix réels de scinder la société en deux : ceux qui vivent et celles et ceux qui survivent.

Aujourd’hui, le Collectif National pour les Droits des Femmes, 25 ans après sa naissance souhaite partager son projet.
Il a été construit par des femmes et quelques hommes qui travaillent et agissent chaque jour pour la défense des droits des femmes individuellement ou dans leurs organisations; des femmes dont la politique n’est pas le métier. Il n’est pas un projet complet, aucune équipe de campagne ne peut s’y consacrer à 100%, mais il est un projet grâce auquel nous espérons apporter une pierre à l’édifice du monde meilleur que nous souhaitons AVENIR.